Quand la pêche massacre les populations de dauphins en France ?

dolphins-natural-background-therapy-with-anima-2022-11-16-23-32-51-utc-1280x853.jpg

Depuis les années 1990, d’importants échouages de dauphins sont observés sur les côtes atlantiques françaises avec plusieurs centaines d’animaux morts par an. Un phénomène peu connu, qui a pris une ampleur inédite à partir de 2016. L’année 2018 a confirmé cette tendance très préoccupante et pose la question des dégâts collatéraux des chalutiers français, qui s’en défendent.

Les petits cétacés ne devraient pas s’échouer en si grand nombre sur les plages françaises. Et pourtant, l’année 2016 a battu tous les records : 1 344 cétacés (dont 621 dauphins communs) ont été retrouvés échoués sur le littoral de France métropolitaine (données d’échouage de l’observatoire Pelagis). En 2017, ce sont 669 dauphins communs qui se sont échoués dont 642 rien que sur le littoral atlantique : un autre triste record.

Le début de l’année 2018 a vu 300 petits cétacés s’échouer, dont 80 % de dauphins communs. La fin de cette même année a été également catastrophique avec 400 dauphins retrouvés échoués sur la côte Atlantique française…

Pire encore, ces échouages, signalés et recensés, ne doivent pas faire oublier que plus de 80 % des dauphins morts en mer coulent et se décomposent en mer, selon une estimation basse. Ainsi, au bas mot, chaque année et depuis 2016, près de 4 000 dauphins communs périssent sur la façade atlantique…

Une anomalie ? Malheureusement non puisque depuis la tendance est lourde depuis près de 20 ans et l’hiver 2018-2019 bat déjà les records des hivers précédents pour la période observée.

Les dauphins ne sont pas les seuls à payer ce lourd tribut, plusieurs baleines s’échouent également comme les rorquals communs. Le rorqual commun appartient à la famille des baleines et peut atteindre 20 mètres de long, ce qui en fait le deuxième plus grand animal vivant sur la planète. C’est aussi le plus bruyant des mammifères marins.

Selon les examens post-mortem réalisés par l’observatoire Pelagis, ces rorquals communs présentaient des infections et un système immunitaire affaibli qui laissent penser que ces baleines sont mortes à “cause d’un virus ou d’une maladie”. Une mort “naturelle” qui pourrait bien être “lié[e] plus indirectement à une dégradation de la ressource ou de l’habitat des rorquals communs”, précise l’observatoire.

Si le doute est (encore) permis pour les baleines, les dauphins sont clairement victimes, depuis une vingtaine d’années, de l’intensification et l’industrialisation de la pêche.

Principale cause de la mortalité des dauphins : les dégâts collatéraux de la pêche

Une raison suffisante pour que Sea Shepherd lance une l’Opération “Dolphin ByCatch” pour alerter sur le sort des dauphins le long des côtes françaises, avec une accusation sans détour : “en France, sur les seules côtes de Vendée et Charente Maritime sur la seule période de Janvier à Mars, c’est une moyenne de 6 000 dauphins (et jusqu’à 10 000 d’après les estimations de Pelagis) qui sont tués par les chalutiers pélagiques pêchant en bœuf (filet traîné par deux chalutiers) mais aussi par les grands chalutiers industriels à grande ouverture verticale. C’est bien plus que les massacres des îles Féroé et de la baie de Taiji (Japon)”.

Cause invoquée : les chalutiers français qui “pêchent principalement le bar, sur les zones de frayère et en pleine période de reproduction. Si l’espèce du bar est-elle même menacée de ce fait, les dauphins en font également les frais.” explique Sea Shepherd. Des affirmations confirmées par l’observatoire Pelagis, qui indique qu’environ 90 % des examens effectués début 2017 ont confirmé la cause de la mort par capture accidentelle dans un engin de pêche (condition corporelle bonne, absence de lésions pathologiques, mort traumatique, alimentation récente, femelle gestante, etc.).

“L’ampleur de cette mortalité des dauphins due aux captures dans des engins de pêche est extrêmement inquiétante. Il dépasse le seuil de 1,7% de mortalité d’une population d’environ 180 000 dauphins communs vivant près du talus continental, engageant à terme la disparition de cette population. La responsabilité principale revient aux chalutiers pélagiques utilisant des filets traînés par un ou deux bateaux. Ils remontent à la surface les bars mais aussi des dauphins qui chassent les petites espèces de poissons dont se nourrissent les bars. Cette pêche intervient de plus sur des zones de reproduction du bar, un non-sens écologique”, explique Denez L’Hostis, Président d’honneur de la fédération d’associations France Nature Environnement.

Certains pêcheurs admettent l’existence des prises accidentelles de dauphins : ils sont pris dans les mailles des filets avec les bars et thons qui chassent les bancs de petits poissons. Une réalité qui n’est pas admise par le comité des Pêches, qui considère que “La France protège ses dauphins” (sic), en réponse à l’Opération “Dolphin ByCatch”.

Il faut dire que les pêcheurs bénéficient d’une certaine opacité dans leur activité. En effet, si depuis 2012, les pêcheurs sont tenus de déclarer les “prises accessoires” de dauphins, la DPMA (Direction des Pêches Maritimes et de l’Aquaculture, rattachée au Ministère) n’a toujours pas nommé d’organisme en charge de recueillir ces déclarations…. Il existe bien le programme Obsmer, dirigé par l’Ifremer, mais il n’est ni contraignant, ni très suivi – les dernières données datent de 2014. Il est donc assez facile de cacher une réalité qui met en cause toute une filière.

Ainsi, les techniques de pêche au chalut n’étant pas sélectives (d’imposants filets capturent tous les poissons sur zone), les dauphins, qui ne sont pourtant pas visés, meurent dans une lente agonie : “les dauphins qui sont remontés vivants meurent des blessures infligées par les pêcheurs à bord des navires. Les cadavres échoués montrent des fractures du rostre, la queue et les nageoires sectionnées, des entailles profondes dues au filet…” décrit Sea Sheherd.

Une solution pour réduire les captures accidentelles de cétacés : le pinger

Les pêcheurs français ont entamé des travaux de recherche en partenariat avec les scientifiques depuis plusieurs années. Ainsi est né le projet “Analyse de l’utilisation des PIngers à Cétacés pour les activités de pêche des chalutiers pélagiques et des fileyeurs (PIC), porté par l’organisation de producteurs Les Pêcheurs de Bretagne, en partenariat scientifique avec Ifremer et l’observatoire Pélagis, et financé par France Filière Pêche.

Ce projet vise à tester l’efficacité de répulsifs acoustiques, appelés « pingers », afin de réduire les captures accidentelles de dauphins par les navires pratiquant la pêche au chalut pélagique.

Un pinger est un système, positionné sur l’engin de pêche, qui émet des signaux acoustiques pour éloigner les cétacés des engins de pêche afin de réduire les captures accidentelles. Le signal émis est inaudible par les poissons.

De février à avril 2018, un total de 6 chalutiers pélagiques testé le dispositif durant la saison hivernale. Au total, 218 opérations de pêche ont été observées, durant lesquelles les traits (action de pêche au chalut) avec et sans « pingers » ont été alternés. Les résultats affichent une diminution significative de 65 % des captures accidentelles observées, confirmant l’efficacité réelle des pingers.

Ces premiers résultats encourageants ont permis d’équiper tous les navires avec chaluts pélagiques de pingers pour la saison hivernale 2018-2019 (1er décembre 2018 au 30 avril 2019). De plus, le nombre d’observateurs va être augmenté pour mieux comprendre le phénomène de captures accidentelles. Toutefois, l’hécatombe de l’hiver 2018-2019 pose question sur la réelle efficacité de ce dispositif.

Les professionnels souhaitent également aller plus loin en lançant un nouveau projet de recherche “Limitation des captures accidentelles de dauphins communs en golfe de Gascogne : tests d’efficacité” (LICADO), visant à améliorer la performance des systèmes acoustiques et déployer la technologie à d’autres activités comme la pêche au filet. Ces travaux, cofinancés par le Fonds Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche et France Filière Pêche, se dérouleront de 2019 à 2021 (sur 3 saisons hivernales successives).

Les dauphins français sont-ils vraiment menacés ?

Si la population mondiale de dauphins communs n’est pas menacée à court terme, “sur la bases de ces estimations, le taux de mortalité additionnel observé chaque année dans le golfe de Gascogne pourrait ne pas être soutenable à terme pour la population de dauphins communs”, alertait l’Observatoire PELAGIS l’année dernière.

De surcroît, les cétacés doivent aussi affronter la pollution plastique des océans – qui tue notamment des dizaines de cachalots chaque année sur les côtes européennes – et la raréfaction de leur nourriture en raison de la surpêche.

Cette mortalité désormais structurelle est très préoccupante et engage directement la responsabilité de l’Etat français qui “donne des autorisations pour une pêche particulièrement destructrice sur des zones fragiles mais ne met pas en parallèle les mesures de surveillance adéquates”, déclare Sea Shepherd qui ajoute : “si nous voulons encore voir des dauphins en France demain, il est donc urgent de prendre des mesures drastiques de protection dès aujourd’hui. Pour l’instant, l’Etat fait la sourde oreille à toutes les alertes des scientifiques sur le sujet et les pêcheurs impliqués profitent de l’ignorance du grand public”.

Les consommateurs ont un rôle primordial et devraient pour préserver les dauphins français : manger bien moins de poissons et s’assurer que ceux qu’ils achètent sont exclusivement pêchés à la ligne (comme le thon) et non pas au chalut. Visitez notre site web ICI 

PARIS – FRANCE

Company headquarters

5 rue de Castiglione 75001 Paris – France.
(+33) 01 70 39 26 50(+33) 7 60 83 92 83

[email protected]

LOCATIONS

We are always close.



SOCIAL NETWORKS

Follow our activity on social networks

Stay informed with all current news of the sector.


Personalized and instant quotes

Generate quotes based on selected product information.

AUTO QUOTE